Par patentes du 19 février 1672, Jean-Everard I de la Fontaine, fils de Louis de la Fontaine et Élisabeth Foulon, acquit la haute justice d’Harnoncourt et fut élevé au titre de Vicomte en 1678, avec la faculté d’affecter ce titre sur une seigneurie de son choix. Il se décida pour Harnoncourt! Et Harnoncourt se situe dans ce qui est aujourd’hui la commune de Rouvroy, fruit de la fusion, en 1977, des communes de Dampicourt, Harnoncourt, Lamorteau et Torgny, et regroupant les villages de Dampicourt, Couvreux, Harnoncourt, Lamorteau, Montquintin, Torgny, du hameau éponyme de Rouvroy, des écarts de Beauregard, Grihire, Radru, le tout étant situé dans la province du Luxembourg belge.
Mais avant le démantèlement du pays, Harnoncourt faisait partie du Duché de Luxembourg. Harnoncourt subit les calamités de la Guerre de 30 ans (1618-1648) et devint autrichien quand les Habsbourg occupaient le pays, français lorsque l’Administration française s’y installa. Depuis 1839, cette partie de l’ancien Duché appartient à la Belgique,
Dès qu’il était devenu vicomte, Jean-Everard I entra, en cette qualité, à l’Etat noble de Luxembourg où, selon Jules Mersch (Biographie Nationale du pays de Luxembourg, Bibliothèque Nationale du Luxembourg) il accorda, avec les autres membres des trois états, 220.000 florins « à titre d’aides et subsides d’un an » sur les 50.000 demandés par le gouverneur comte d’Autel.
Jean-Everard épousa Marie Marguerite de Maillen, et son fils Philippe François donna naissance à Jean-Everard II (1695-1771) qui eut sept enfants, dont Joseph Louis Mathieu (né en 1736). Celui-ci reçut le titre de Comte d’Harnoncourt en 1779. Joseph Louis Mathieu de la Fontaine, Comte d’Harnoncourt, fit une brillante carrière au service de l’Autriche. Il fut général de cavalerie dans l’armée autrichienne, commandant de la Pologne autrichienne et vice-consul de Vienne. A l’âge de la retraite, il revint à Harnoncourt, réacquit la nationalité française et mourut en 1816. Il est inhumé à l’église de Rouvroy, reconstruite en 1856. A la suite de son mariage avec la comtesse Unverzagt de Vienne, ses descendants qui habitaient l’Autriche, portaient le nom de comtes de la Fontaine d’Harnoncourt-Unverzagt.
L’arrière-petit-fils de ce Joseph Louis Mathieu est le chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt dont le père fut ingénieur. Ce dernier était impliqué dans la construction du canal Spree-Havel à Berlin lorsque naquit Nikolaus, le 6 décembre 1929. La mère de Nikolaus est d’une descendance prestigieuse puisqu’elle compte l’Archiduc Johann de Styrie (1782-1859) parmi ses ancêtres.
Nikolaus Harnoncourt naquit donc dans un milieu aisé et grandit dans le palais Meran à Graz.
Comme l’a signalé Jules Mersch dans la Biographie Nationale, il n’existe aucun lien entre les de la Fontaine luxembourgeois et ceux d’Harnoncourt, mais il existe pourtant des liens étroits avec Luxembourg.
Une sœur de Joseph Louis Mathieu avait épousé Jacques-Charles de Geisen, seigneur de Diekirch (1737-1794), dont la mère était une Blochausen. Jules Mersch dit: « Depuis le début du 18e siècle, les de la Fontaine-Harnoncourt étaient propriétaires de l’actuelle maison no 5 de la Rue du Curé. Par voie testamentaire, Madame de Geisen, qui mourut le 15.1.1848 à l’âge de 97 ans, légua l’immeuble à la Ville de Luxembourg, sous condition qu’il servirait d’habitation au chef du culte catholique ». Ainsi la maison devint le ‘Paschtoueschhaus. »
Et si le frère de Nikolaus Harnoncourt, est un théologien et prêtre catholique et fut un professeur d’université respecté, la religion était toujours un élément important dans la famille Harnoncourt. Un fils de Jean Everard I avait été missionnaire général de la Compagnie de Jésus aux Indes où il mourut en 1718. Une sœur de Jean Everard II était religieuse à Marienthal. Les abbayes cisterciennes de Clairefontaine, de Differdange et de Bonnevoie accueillirent plusieurs membres de la famille et Marguerite Josèphe de la Fontaine fut même Abbesse de Clairefontaine.
Nikolaus Harnoncourt lui-même est profondément religieux. Dans son discours pour la clôture de l’année Mozart en 1991 il dit. « La musique naît de la façon de penser du cœur. La pensée du cœur est le véhicule de la religion, et l’art est sa langue. Sans religion, l’art ne peut exister. L’art est le cordon ombilical qui nous lie au divin. »
Recherche historiques et rédaction: Rémy Franck (copyright 2016)