Die Luxemburger Theaterföderation und das Network der Kulturzentren protestiert in einem Schreiben an Premierminister Xavier Bettel gegen die dreiwöchige Schließung der Theater und Konzertsäle (Pizzicato-Bericht: Luxemburger Philharmonie bis zum 15. Dezember geschlossen, Gerichtssäle nicht).
Diese Kulturbetriebe hätten in den letzten Wochen « die Gesundheitsmaßnahmen gewissenhaft umgesetzt:
– Begrenzung auf 100 Zuschauer;
– Einrichtung von Indoor-Rundwegen mit Markierungen am Boden, um die Ein- und Ausgänge zu verwalten und Gruppierungen zu vermeiden;
– Einhaltung eines Abstands von 2 Metern bis 360° zwischen jeder Gruppe von sitzenden Zuschauern;
– Obligatorisches Tragen einer Maske;
– Bereitstellung von hydro-alkoholischen Produkten für Zuschauer und Personal;
– Anzeige von Anweisungen;
– die Einhaltung der Ausgangssperre usw. »
Dies habe sich positiv ausgewirkt, denn « soweit uns bekannt ist, wurde kein Cluster von Covid-19 in einem Theater in Luxemburg entdeckt, weder während der Aufführungen noch während der Proben. »
Die Maßnahme der Regierung sei also völlig unverständlich und richte weitreichende Schäden an, sagen die Verantwortlichen beider Föderationen.
Der vollständige Text des in französischer Sprache verfassten Briefs folgt:
Monsieur le Premier ministre,
La THEATER FEDERATIOUN et le Réseau Luxembourgeois des Centres Culturels Régionaux fédèrent l’ensemble du secteur des arts de la scène : théâtres, centres culturels, compagnies conventionnées ainsi qu’artistes professionnels et techniciens indépendants du spectacle. Un secteur très impacté – depuis mars dernier – par la pandémie de la Covid-19 et qui se voit une nouvelle fois obligé de fermer ses portes.
Les différentes structures des arts de la scène ont, depuis cet été, rouvert leurs portes au public après six mois d’incertitude, de remise en question et d’un travail intense de mise en place de protocoles sanitaires. Elles tiennent d’ailleurs à remercier le ministère de la Culture pour les aides financières et mesures sociales exceptionnelles allouées dans le cadre du programme « Neistart Lëtzebuerg », ainsi que pour la grande disponibilité de ses équipes.
Depuis, des mesures sanitaires ont scrupuleusement été mises en œuvre :
– limitation à 100 spectateurs ;
– mise en place de circuits intérieurs avec marquages au sol pour gérer les entrées et les sorties et éviter les regroupements ;
– respect d’une distance de 2 mètres à 360° entre chaque groupe de spectateurs assis ;
– port du masque obligatoire ;
– mise à disposition de produits hydroalcooliques pour les spectateurs et le personnel ;
– affichages des consignes ;
– respect du couvre-feu ;
– etc.
et chaque salle a fait d’énormes efforts pour développer des protocoles adéquats et adaptés aux spécificités de ses espaces. Un travail qui a porté ses fruits puisque, à notre connaissance, aucun cluster de Covid-19 n’a été détecté dans une salle de spectacle au Luxembourg, ni lors des représentations, ni lors des répétitions.
Malgré tout ce travail, le projet de loi N° 7694 que la Chambre des Députés s’apprête à voter cet après-midi, impose – à nouveau – la fermeture au public des « établissements relevant du secteur culturel » (Art. 3ter).
Contrairement aux mesures prises au mois de mars, nous saluons le fait que les musées, centres d’art, bibliothèques et archives nationales puissent demeurer ouverts et que les répétitions professionnelles puissent se poursuivre. Cette dernière concession permettra, en effet, cette fois une reprise plus rapide de nos activités à destination du public qu’à l’issue du premier confinement.
Néanmoins, tout en comprenant la nécessité d’instaurer de nouvelles mesures, nous regrettons cette décision qui empêche – une nouvelle fois – le public de jouir pleinement de ce « droit fondamental », « faisant partie intégrante des droits de l’homme » qu’est la culture.
Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter cette nouvelle fermeture au public. Mais pour nous, rien ne justifie cette fermeture : les jauges extrêmement réduites de ces derniers mois rendent la gestion des flux aisée, un respect strict de l’emplacement réservé par chaque spectateur est assuré et le public a accepté la distanciation, le port du masque et l’ensemble des gestes barrière désormais inhérents à l’expérience théâtrale. En d’autres termes : les théâtres sont des endroits sûrs.
Dès lors, Monsieur le Premier ministre, pourquoi cette nouvelle fermeture ? Bien que notre secteur se soit montré résilient et ait fait preuve d’une capacité d’adaptation inouïe depuis le mois de mars, les règlementations fluctuantes ainsi que les courts délais entre l’annonce de nouvelles mesures et leur mise en place mettent les structures dans une situation inextricable à l’égard :
– des artistes dont la précarité a été accentuée en ces temps de crise et dont le travail est mis à mal depuis de nombreux mois ;
– de leurs collaborateurs qui ne peuvent pas travailler sereinement sur les programmations à venir et s’engager fermement envers les créateurs ;
– de leurs partenaires et sponsors qui, eux aussi, ont besoin d’être rassurés alors que l’incertitude plane sur tout un secteur ;
– de leurs publics, dont le soutien n’a pas défléchi malgré de nombreux reports et annulations et la mise en place des mesures précitées.
Monsieur le Premier ministre, depuis le début de la crise sanitaire vous avez travaillé au maintien d’un équilibre entre la préservation de la santé physique et de la santé psychologique des populations. Dès lors, à une époque anxiogène pendant laquelle la distanciation physique et sociale sont les maîtres mots, les lieux culturels – et plus particulièrement les salles de spectacle – ne constituent-ils pas les derniers espaces garants de la cohésion sociale ? Ne permettent-ils pas aux populations de jouir d’un moment à la fois de communion et d’escapade ? D’échapper au repli sur soi émotionnel et intellectuel induit par la crise sanitaire ? En somme, en raison des protocoles sanitaires mis en place – comptant parmi les plus rigoureux – les salles de spectacle ne constituent-elles pas les lieux dits « sociaux » les plus sûrs qui soient ?
Monsieur le Premier ministre, le secteur des arts de la scène a besoin de stabilité, de prévisibilité, de perspectives et de soutien pour demeurer un pendant essentiel de toute société. Il a déjà prouvé sa responsabilité, Monsieur le Premier ministre, faites-lui confiance, gardez les théâtres ouverts !
En vous remerciant pour l’attention que vous porterez à la présente, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre très haute considération.