Le gamin s’appelle Zhang Shengliang, mais ses copains lui ont donné le sobriquet Niu Niu. C’est sous ce nom commercialement attrayant qu’il donne maintenant des concerts et enregistre des disques. Le plus récent, sensé faire un tsunami parmi les jeunes Chinoises en idolomanie, est consacré aux transcriptions de Liszt (Danse macabre, Lieder de Schubert, Etudes de Paganini, Isoldes Liebestod, Spinnerlied, O du mein holder Abendstern de Wagner, et ,en plus, un Liebestraum et un Grand galop chromatique purs Liszt). La technique au niveau de la maniabilité des doigts est phénoménale, sans aucun doute, aucune machine bien programmée ne ferait mieux. Et l’effet est assurément le même. C’est technique. Trop technique. Sans respiration, sans poésie. Ce qui étonne, c’est que le jeune homme ne profite pas de se sa dextérité pour orienter son jeu surtout vers le forte et le fortissimo. Bon présage, peut-être. On notera également une palette de couleurs assez variée. On acceptera donc ce disque pour ce qu’il peut être: des interprétations qui nous montrent un prodigieux technicien de 15 ans. Maintenant, ce jeune loup doit recevoir un enseignement approfondi, afin de mettre cette technique au service de la musique et la culture générale afférente pour donner un sens à ce qu’il joue. Car ce sens là, manifestement lui fait défaut. Il n’a rien compris aux Lieder de Schubert, il n’a pas saisi la portée de la mort d’Isolde et ne sait rien faire du lyrisme envoûtant de l »Abendstern’, n’ayant peut-être jamais eu son propre rêve d’amour. Il ne sait rien faire de l’architecture d’une œuvre, ne connaît rien à la fonction de créer de la tension et de la lâcher. Pour le moment, il joue les notes, rien de plus. Même dans le ‘Grand galop’ on a l’impression qu’il n’est pas vraiment libéré et n’a pas l’esprit pour donner à cette musique son caractère débridé…
15 year old technical prodigy plays notes, being not yet able to really make music out of them.
Au jeu de ce technicien remarquable qu’est le jeune Niu Niu, 15 ans, il manque toute introspection, la poésie, la respiration, le sens de l’architecture.